Aussi con qu’intelligent

« Aussi con qu’intelligent ». C’est probablement ce reproche que j’ai le plus entendu et perçu jusqu’à la fin de mon adolescence. Ou plutôt c’est comme cela que beaucoup m’ont vu.

J’étais une forme de singe savant, une drôle de bête dont les autres surnoms pouvaient être « la calculatrice », « le dictionnaire » ou « l’encyclopédie ». Je compris avec difficulté que le fait de savoir des choses dans les salles de classes et de souhaiter le transmettre au plus grand nombre n’était pas un vecteur de reconnaissance et d’acceptation mais davantage un motif d’exclusion.

Je me suis toujours senti en marge, avec une pensée construite différemment. Les seules personnes avec qui j’ai socialisé avec un peu de profondeur sont des personnes qui ont également été étiquetées de bizarres ou réactionnaires.

Toutefois, j’ai appris à m’adapter. J’ai cherché à trouver des solutions pour avoir une place dans cette société aux codes illogiques et incompréhensibles pour moi. J’ai appris dans les livres qu’il fallait user d’observation et de mimétisme pour m’intégrer, qu’il fallait parler avec certaines règles d’usage en fonction de l’interlocuteur. Il fallait que je sois une chaîne d’un maillon, qu’il ne fallait pas sortir du lot, pour être accepté. J’ai donc cherché à user des mêmes codes que je ne comprenais pas pour trouver ma place en ce monde. j’ai recherché mes propres compréhensions du monde. Cela a eu l’effet escompté, je n’étais plus le « con inadapté qui ne comprend rien » mais le gars « intelligent mais bizarre ». J’ai même réussi à gagner le statut de gars « cool mais bizarre »… pour un coût bien trop élevé…

Il paraît que cela s’appelle l’autisme…

On lui a dit

Pourquoi ce livre?

Nous publions ce livre pour partager un témoignage touchant sur la manière dont les mots peuvent avoir des impacts néfastes sur la construction des enfants.